Adieu mon amie
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II Adieu mon amie

William se réveilla doucement. Lorsqu'il se redressa, il vit qu'il était assis sur un petit banc longeant le mur du salon. Tous les invités étaient assis autour d'une petite table, silencieux. Quelques personnes parlaient de temps en temps pour émettre des hypothèses sur les disparitions. Arthur Phelps était attaché, les mains derrière le dos. Les invités le prenaient sûrement pour un complice, car il avait mentionné dans sa lettre d'amener les enfants. C'était trop suspect. Il se défendait en se répétant toutes les cinq minutes : « Ce n'est pas moi ! Je n'ai rien fait ! » Tout le monde s'énervait un petit peu plus à chaque fois qu'il répétait cette phrase.

Lorsque Irène vit que William était debout, elle s'approcha doucement de lui. L'atmosphère était tendue, mais probablement beaucoup moins que lorsqu'il était endormi. La nuit avait dû être longue.

Il faisait jour dehors, mais la tempête ne s'était pas arrêtée, il leur était toujours impossible de partir. Les invités avaient essayé de trouver le coupable pendant des heures, cependant, ils revenaient à chaque fois sur la même personne : Arthur Phelps. William s'était réveillé tard, et la nuit tomba vite. Tout le monde décida d'enfermer Phelps dans une salle sans fenêtres, et de l'attacher au lit pour la nuit.

William dormit dans la même chambre qu'Irène. Cette dernière avait peur pour William, et elle avait le sentiment que la nuit allait être longue. William était fatigué malgré son long sommeil de la veille. Quelques heures plus tard, Irène dormait profondément, tandis que William réfléchissait. Qui avait bien pu faire une chose pareille ? Et qui était cet homme qui s'était suicidé ? Pourquoi les enfants ? Qu'est-ce qui a bien pu leur arriver ? À force de réfléchir, William ne sentit pas le sommeil arriver, et il s'endormit.

Le lendemain matin, William et Irène descendirent de nouveau les escaliers pour retrouver les invités autour de la grande table, mangeant le petit-déjeuner que le majordome avait préparé sous les menaces de quelques brutes. Toutes ces personnes n'étaient censées rester qu'une seule nuit au manoir, mais le séjour se prolongeant, les invités commençaient à se poser des questions et à devenir violents les uns envers les autres. Évidemment, pour William, cela devenait problématique. Il entendait les murmures méfiants de ceux qui se demandaient si Irène avait vraiment un neveu.

Afin d'éviter d'attirer plus l'attention sur lui, il s'empressa de finir son assiette et il s'éclipsa dans une pièce calme, pour y réfléchir. Il repensa d'abord à ces rumeurs qui circulaient dans les journaux, disant que les vieilles personnes et les enfants de Londres disparaissaient mystérieusement. Au départ, il pensait que c'était de fausses informations inventées afin de vendre plus. Mais en y repensant, s’il était vraiment un vieil homme avant, il aurait dû disparaitre dans…

William se sentit de nouveau mal à l’aise. Il comprit enfin. S’il était vraiment un vieil homme, qui plus est un noble, pourquoi s’était-il retrouvé dans une vieille morgue presque abandonnée ? Il n’y avait aucun médecin, juste des paysans. En y repensant, tous les corps étaient des enfants ou des personnes âgées. Étaient-ce des nobles ? Était-ce pour ça que l’homme à la moustache l’avait laissé partir ? Après s’être « transformé », il n’avait plus aucune valeur ? Et qu’arrivait-il aux corps ?

Son raisonnement fut interrompu par un bruit fracassant, comme une fenêtre. Encore ?
William se précipita dans la pièce d’où provenait le bruit. La fenêtre était effectivement encore cassée.
Cette fois, il n’y avait pas d’homme mystérieux sur le point de se suicider. Il y avait juste… Irène. Par terre, baignant dans une mare de sang. William perdit la force dans ses jambes et tomba au sol, il ne voulait pas y croire. Il resta silencieux quelques minutes. Il essaya doucement de réveiller Irène, comme si elle était juste endormie. Il fut incapable de prononcer le moindre mot, il se mit juste à pleurer. Les autres adultes finirent par arriver et ils ne prononcèrent pas le moindre mot eux non plus en voyant la scène.

William se leva et se précipita hors de la pièce sans rien dire, il se dirigea vers le chambre où avait été enfermé Phelps, il déverrouilla la porte et l’ouvrit violemment, mais c’était déjà trop tard, Phelps n’était plus là.

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